Les bonnes intentions n’exonèrent pas d’un minimum de réflexion et de concertation. L’effet de surprise ne peut constituer la matrice d’une bonne politique publique.
En annonçant hier devant les syndicats de fonctionnaires une hausse de 1,5% du point d’indice, le ministre de de la Transformation et de la Fonction publiques a pris tout le monde de court, d’autant que la mesure doit s’appliquer dès le 1er juillet 2023. Au risque de mécontenter tout le monde : ceux qui pensent que cela ne va pas assez loin, et ceux qui s’interrogent à juste titre sur les conséquences d’une décision non budgétée, qui n’a fait l’objet d’aucune forme d’évaluation et de partage en amont avec les employeurs publics.
Soyons clairs : il est impératif aujourd’hui de revaloriser nos fonctions publiques qui sont au cœur de très nombreux enjeux et qui méritent une vraie reconnaissance. La pandémie nous l’a rappelé avec force : nos fonctionnaires et agents publics sont en première ligne face aux crises et aux situations tendues que connait notre société. Plus encore, la hausse de l’inflation nécessite à court terme des mesures efficaces et ciblées pour préserver le pouvoir d’achat, notamment des plus bas salaires.
Donc personne ne conteste sur le fond la volonté gouvernementale de s’attaquer à cette question et de chercher à revaloriser la situation de nos fonctionnaires.
Reste la méthode, qui – quoiqu’on en pense – en dit long sur la permanence d’une conception archaïque de la relation entre l’Etat et les autres acteurs publics, collectivités locales en tête.
On ne peut pas à la fois entonner en permanence le refrain de la coopération et du partenariat, et agir toujours de la même manière : impérative, unilatérale, hiérarchique.
On ne peut pas prétendre au développement d’une nouvelle « république girondine » et continuer à penser la relation avec les territoires à coup de normes et de décisions venues d’en haut.
On ne peut imaginer moderniser notre pratique publique sans accepter enfin de mettre en place les conditions d’une vraie confiance entre l’Etat et les territoires.
Cela est d’autant plus nécessaire que les finances de nos communes, départements et régions font face à des charges croissantes (souvent d’ailleurs transférées par l’Etat) sans réelles compensations ni ressources nouvelles.
S’ajoutent à cela des problèmes de mise en œuvre concrète : est-ce réellement responsable d’annoncer une hausse du point d’indice trois semaines avant le 1er juillet sans se préoccuper de la capacité des employeurs à la prendre en compte dans les prochaines fiches de paie ?
Oui, nous devons faire le maximum pour améliorer la situation de nos agents publics, mais tout cela doit se faire dans un état d’esprit totalement renouvelé : en prenant le temps d’échanger en amont avec toutes les parties prenantes et en acceptant – aussi – de travailler ensemble sur les questions plus structurelles liées à la réforme nécessaire de l’Etat, afin de le rendre tout à la fois plus efficient et performant.
C’est ainsi que nous bâtirons ensemble l’administration française du 21ème siècle !