Les compétences d’aujourd’hui feront les métiers de demain

Les événements de ces dernières années, si forts et imprévisibles, nous ont secoués au point de nous faire oublier certaines tendances profondes, toujours à l’œuvre lorsqu’il s’agit de façonner le monde de demain.

Aussi, je voudrais aujourd’hui que nous portions notre regard sur le temps long, et que nous nous rappelions un chiffre souvent brandi depuis 2017 : 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore.

L’accélération numérique

Vous le savez aussi bien que moi : la pandémie de Covid-19 a largement accéléré la transition vers de nouveaux modes de travail.

En 2019, nombre d’entreprises étaient encore abonnées au présentiel forcené, y compris dans les services les plus dématérialisés. Le travail « hybride » est devenu une nouvelle norme, y compris au sein d’organisations qui n’auraient jamais pensé pouvoir y parvenir.

Le numérique, sa capacité à produire des services en autonomie, à nous connecter et à suppléer la compétence humaine est LA tendance majeure de notre époque. Si jusqu’ici nous avons plus ou moins su tenir le rythme des transformations qu’il a induit, il ne faudrait pas que nous nous laissions dépasser par son accélération exponentielle.

La bataille du futur a commencé

La bataille des compétences, vous le savez, est un thème qui me tient à cœur. Elle se joue à tous les niveaux, passe entre autres par l’informatique et nous devons nous armer pour l’affronter.

La bataille des compétences est une course contre-la-montre. A court terme, pour permettre de subvenir à nos besoins essentiels. A moyen terme, pour assurer la prospérité de nos entreprises et la croissance économique du pays l’année prochaine. A long terme, pour permettre à notre pays de rester dans le concert des nations qui comptent et produisent des biens, des services et des idées à même de rendre le monde meilleur.

Les principales caractéristiques qui émergent aujourd’hui pour notre économie sur la décennie à venir sont connues : toujours plus d’automatisation, toujours plus d’agilité tant intellectuelle qu’organisationnelle, toujours plus de connectivité et, in fine, toujours plus de productivité grâce à la robotisation et à l’IA.

La pierre angulaire de cette nouvelle économie, celle de la « 2ème phase de la révolution numérique », c’est l’humain. Des femmes et des hommes aux profils toujours plus complets qui, plutôt que de vous citer les méandres de l’Encyclopédie de mémoire, ont appris à apprendre. C’est là le cœur de l’économie en devenir : la capacité des individus à toujours s’adapter à l’évolution d’un monde toujours plus rapide. Un monde où stocker le savoir n’est plus aussi nécessaire que savoir le trouver et le comprendre. 

Nous y sommes déjà. En moyenne, en France, on change de poste entre 5 et 13 fois dans une carrière. Dorénavant, ce chiffre ne fera qu’augmenter : en 2017, déjà, le Bureau du Travail américain estimait que les étudiants d’alors seront passés par 8 à 10 emplois avant d’atteindre leurs 40 ans.

L’engagement des pouvoirs publics est crucial

Comment former ces talents, capables de se former tout au long de leur carrière ? En leur donnant accès à l’infrastructure adéquate qui constituera leur environnement d’apprentissage.

Cet environnement doit être suffisamment proche de la recherche scientifique pour qu’ils puissent se faire une idée d’à quoi ressemblera l’avenir. Cet environnement doit être au contact de l’esprit d’entreprise et de l’innovation, pour se familiariser aux moyens de la réinvention permanente. Cet environnement doit être ouvert sur le monde, riche de sa diversité et en pointe sur les technologies du numérique. Cet environnement doit être irrigué par les moyens et les ambitions à la fois des pouvoirs publics, mais aussi des fleurons de l’industrie qui ont su bâtir les plus grandes réussites économiques d’aujourd’hui.

Bref, vous m’avez compris : nous avons plus que jamais besoin de pôles d’excellence mêlant science, puissance économique, ambition publique et engagement privé. Ni plus, ni moins, que ce que nous tentons de bâtir dans l’agglomération de Paris-Saclay. C’est pourquoi je me réjouissais encore il y a quelques temps de l’installation du « Playground » sur notre territoire, notre « temple de l’innovation » à même d’incarner pleinement ces synergies. Pour que nos entreprises ne deviennent pas obsolètes, mais surtout, pour que nous-mêmes, en tant que nation, nous ne perdions pas le fil de l’avenir, nous devons être capables d’anticiper. C’est uniquement en investissant dans nos compétences aujourd’hui que nous aurons accès aux métiers de demain.

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