La tech, un espoir pour 2023 ?

2023 commence à peine que nous sommes tous obnubilés par un nom de code obscur : ChatGPT.

C’est vrai, cette IA est impressionnante et annonce des usages presque infinis, au point que nous pouvons parfois nous sentir menacés dans nos capacités à produire de la valeur.

Pour autant, il ne faudrait pas que ce programme, aussi abouti soit-il, devienne le doigt qui cache la lune. C’est pourquoi j’aimerais prendre un instant pour faire le bilan de l’année passée. Entre hausse soudaine des taux d’intérêts, contexte géopolitique incertain et chamboulements sur les réseaux sociaux, comment s’est portée l’industrie ? Et, plus particulièrement, chez nous, en France et à Saclay ?

En réponse à ces questions, pour la tech en France, je tire trois leçons[1].

Notre force, c’est notre résilience

Je voudrais souligner en premier lieu la résilience des entrepreneurs européens. Malgré un contexte de crise annoncé à tort et à travers, nos entreprises ont su attirer vers elle plus de 85 milliards d’euros d’investissement. Le recul sur un an est notable – mais largement modéré alors que nous devions en même temps gérer le retour de la guerre sur notre continent et le remplacement d’une large partie de nos sources d’énergie importée, dans un contexte de hausse des taux directeurs et d’inflation. Nous restons sur un marché de volume 3 fois supérieur à ce qu’il était il y a 5 ans.

Au-delà de la vivacité du secteur malgré des vents contraires, ce chiffre témoigne surtout de son implantation profonde en Europe. La tech française et européenne a démontré qu’elle n’était pas un château de carte.

Pourquoi une telle résilience ? Parce que l’écosystème a atteint un niveau de maturité suffisant pour qu’investisseurs et entrepreneurs s’orientent désormais vers une vision de plus long terme, capable d’enjamber la crise. Une vision qui met également l’accent sur deux valeurs du monde de demain : la durabilité et l’inclusivité. En témoignent les près de 15% de parts d’investissement directement fléchés vers des entreprises œuvrant pour la préservation de la planète.

Le modèle français permet à nos jeunes de rêver – et surtout, de créer

Géolith, Epilab, Snowpack, WattAnyWhere… Vous ne les connaissez sans doute pas encore, mais ce sont toutes des start-ups ayant vu le jour grâce aux efforts déployés par Paris-Saclay, aux partenariats tissés entre les clusters d’entreprises, les pôles de recherche et notre communauté d’agglomération.

En 2022, ces soutiens se sont vus et ont payé.

Aujourd’hui, l’économie numérique représente en Europe près de 800 milliards d’euros – 6% du PIB continental, et plus que la banque et l’assurance réunis. Nos investissements, notre soutien à cette économie ont créé un environnement dynamique, avec une création de valeur réelle, motrice pour l’économie de notre « Vieux Continent ».

En la matière, la France se distingue particulièrement par la jeunesse et le nombre de ses entrepreneurs. Près de 63% des entrepreneurs de notre pays comptent moins de 10 ans d’expérience professionnelle, un sommet européen. Si ce chiffre peut paraître abstrait, il est à mon sens un signal faible très encourageant : la France est LE pays d’Europe où l’entrepreneuriat est le plus facilement considéré comme une option de carrière.

Une vraie validation pour l’approche de soutien public-privé adoptée par les politiques publiques hexagonales, tant à l’échelon local que national. Les liens que nous avons tissé sur notre territoire entre universités, entreprises et acteurs institutionnels, donnent la confiance et l’infrastructure nécessaires à notre jeunesse pour se lancer.

Et la bonne nouvelle, c’est que cette dynamique ne fait que s’enclencher : 27,5% des emplois recherchés en 2022 en France se situaient dans la tech, plus que dans n’importe quel autre pays de l’UE.

L’écosystème tech est porteur de progrès et d’optimisme – surtout en France

Alors que les épreuves économiques et géopolitiques, quelques faillites spectaculaires et le relatif assèchement du financement pouvaient laisser anticiper un crash, on observe une bonne tenue de l’opinion des acteurs de la tech européenne quand on leur demande ce qu’ils pensent de l’attractivité de leur secteur par rapport à l’année passée.

Près de 70% des salariés de la tech – investisseurs, entrepreneurs, mais aussi employés – déclarent que le secteur est au moins aussi attractif qu’il y a 12 mois. En France, nous dépassons largement ce seuil, avec près de 80% d’opinion aussi favorables, dont plus de 60% qui déclarent que le secteur est tout simplement plus attractif que par le passé. Il n’est pas coutumier de voir notre pays parmi les plus optimistes. Preuve s’il en est que la tech est là avant tout pour faire bouger les lignes !

Dans un contexte pourtant défavorable, les industries européenne et française de la tech nous ont prouvé trois choses en 2022. D’abord, elles sont solides : leur résilience montre que les craintes de « bulle » répétée par quelques esprits chagrins étaient largement infondées. Ensuite, que la tech est porteuse d’espoir, surtout en France et à Paris-Saclay, encore récemment labellisée « Capitale French Tech ». Enfin, que l’investissement conjoint des secteurs public et privé et les politiques pensées pour favoriser le développement des start-ups paient.

En tant qu’élu d’une communauté d’agglomération particulièrement impliqué, cela me fait chaud au cœur et me donne plus que jamais envie de continuer. Pour qu’en 2023, plus que jamais, la tech continue à incarner l’espoir de paix, de progrès et de développement économique sur notre continent.


[1] Appuyée sur le rapport State of European Tech 2022, publié par Atomico le 12 décembre 2022

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