Je vous en parlais déjà dans un billet précédent, l’inadaptation des compétences aujourd’hui prépare les délocalisations de demain. C’est vrai pour l’innovation de rupture, mais aussi pour des choses beaucoup plus quotidiennes.
Au 2ème trimestre 2022, la Dares dénombrait 355 400 emplois vacants[1]. Restauration, hôtellerie, distribution, logistique… Faute de main d’œuvre qualifiée et volontaire, des milliers d’entreprise dans des secteurs de plus en plus nombreux ne parviennent plus à assurer la pérennité de leur activité.
Aujourd’hui, même le transport scolaire est en crise. Dernier exemple en date d’un service public essentiel, « de première ligne », qui se retrouve menacé.
Nous sommes tous concernés – même nos enfants
Aujourd’hui, près de 5% des services de transport scolaire ne sont pas assurés, selon Jean-Sébastien Barrault, président de la Fédération nationale des transports de voyageurs[2].
Et contrairement à certaines idées reçues, c’est toute la France qui est concernée.
La FNTV énumère bien sûr quelques « zones noires », comme la Creuse ou le Var, mais pas seulement. Les couronnes périurbaines de grandes villes comme Bordeaux ne sont pas épargnées. Et jusqu’en Île-de-France, où beaucoup de jeunes se rendent pourtant à l’école via des lignes régulières qui comptent encore près de 1800 postes à pourvoir.
Entre offre et demande, un problème structurel dans la distribution des compétences
Le cas du transport scolaire est emblématique, avec des causes bien identifiées.
Comme partout, la crise sanitaire est passée par là. Après des mois de fermetures d’écoles et de chômage partiel, la formation à la conduite d’autocars – le permis D – a subi un coup d’arrêt. Malgré une forte implication des opérateurs qui vont jusqu’à financer les 8000€ nécessaires pour obtenir leur sésame aux candidats sérieux, le moteur est enrayé et les chauffeurs manquent encore et toujours.
Ces emplois manquent également d’attractivité.
Parce qu’à temps partiel et en horaires décalés, cette profession pourtant si utile ne touche que très peu de candidats. Jugée « de reconversion », elle compte surtout sur des retraités déjà formés qui cherchent à compléter leurs pensions. C’est d’ailleurs en faisant appel à eux ainsi qu’aux personnels administratifs et encadrant des entreprises de transport que la région Hauts-de-France a pu combler le manque de 400 chauffeurs cette année.
Arrêtons de guérir, il est temps de prévenir !
Je salue chaleureusement les collectivités et les PME du secteur, dont la mobilisation durant tout l’été a permis d’éviter la catastrophe. Néanmoins, nous ne pouvons pas nous contenter de solutions palliatives.
Autant qu’il est nécessaire de former les talents qui feront notre compétitivité demain, nous devons nous assurer de l’occupation pérenne des emplois qui assurent nos services publics au quotidien.
A la fac, à au supermarché, au café du coin, à l’arrêt de bus : la bataille des compétences doit se jouer à tous les niveaux !