Comme je vous l’écrivais dans un billet précédent, la mobilisation pour adapter les compétences aux besoins de l’innovation de rupture doit être totale.
De l’école primaire à la formation tout au long de la vie, je plaide pour une refonte en profondeur de la chaîne de production des compétences autour de grandes orientations :
- S’inspirer des méthodes pédagogiques des pays les mieux classés en matière d’éducation. Leur modèle éducatif est loin d’être parfait, mais la Corée du Sud et Singapour – pour ne citer qu’elles – ont le mérite d’enseigner efficacement les mathématiques. La méthode singapourienne par exemple, consistant à partir du concret pour « remonter » vers les règles abstraites, permet de donner du sens à l’apprentissage. Je crois, de manière générale, dans une innovation pédagogique fondée sur le jeu et le concret, et éclairée par les sciences comportementales.
- Ajouter aux qualifications de nos enseignants une plus grande transmission des compétences scientifiques et techniques. Souvent issus de filières non-scientifiques, les enseignants du primaire rapportent eux-mêmes des difficultés à transmettre efficacement les savoirs scientifiques. Pour y remédier, je propose de réévaluer les attentes de recrutement et, dans le même temps, de mieux rémunérer ces métiers afin de mettre l’Education Nationale en condition d’attirer les meilleurs.
- Restaurer le prestige des métiers de la science appliquée. Là encore, plusieurs voies peuvent être explorées. A une nécessaire revalorisation de la culture scientifique et technique par un travail sur les discours et les représentations, nous devons adjoindre l’apprentissage par la pratique : pourquoi ne pas généraliser les FabLabs dans les écoles et les lycées, voire dans l’espace public, afin de susciter toujours plus de vocations dans le numérique, la programmation, l’impression 3D, l’IA ou la réalité virtuelle ?
- Faire un autre usage du numérique à l’école. Encore trop souvent, la place du numérique dans les politiques éducatives se cantonne à la modernisation des équipements. Pourtant, nous devrions aussi regarder du côté des applications. Je suis, par exemple, entièrement favorable à l’analyse des données d’apprentissage (learning analytics) par les professeurs afin de mieux connaître le niveau des élèves, leur proposer un suivi personnalisé et anticiper et prévenir le décrochage scolaire.
- Faciliter le quotidien de ceux qui tentent, osent et expérimentent. Enfin, je pense qu’il nous faut aller vers des mécanismes institutionnels favorisant les transitions personnelles tout au long de la vie. Je ne connais aucun travailleur qui ne souhaite mettre à jour ses compétences. Ciblons les métiers frappés par l’obsolescence ou risquant de l’être et facilitons la reconversion de ceux qui les occupent !
Ces quelques orientations sont évidemment loin d’être exhaustives, tant le défi est grand et complexe. Pour autant, je crois qu’ils constituent une bonne base de départ pour penser le changement à venir. Discutons-en !