Les airs restent un objet de fascination hors du commun. Alors que les grandes fortunes se lancent dans une concurrence au tourisme spatial, je veux ici parler d’une autre forme de mobilité aérienne : celle du quotidien.
L’ESPACE DANS L’AIR DU TEMPS
Space X, Blue Origin, Blue Galactic… En l’espace de quelques semaines, je me suis émerveillé, comme sans doute beaucoup de personnes dans le monde, devant la multiplication des initiatives de tourisme spatial.
Preuve, s’il en fallait, que la mobilité est foncièrement liée au rêve, à l’imaginaire et à la stimulante visée d’une « nouvelle frontière », ces expéditions attirent d’ores et déjà de nombreux touristes potentiels, avec des centaines de billets vendues et des premiers vols commerciaux prévus pour 2022.
C’est une prouesse indéniable. Mais mon enthousiasme ne m’empêche pas de m’interroger : quelles en sont les applications concrètes et comment lever les différents freins à la mobilité aérienne ? Je pense par exemple aux drones et aux questions qu’ils posent en matière de sécurité, de nuisances sonores et visuelles ou encore de cohabitation avec les oiseaux.
UN AUTRE REGARD SUR LE CIEL : LA MOBILITE URBAINE AERIENNE
Je veux ici attirer le regard sur une autre forme de mobilité aérienne, encore largement méconnue car balbutiante, mais pas moins porteuse d’espoir et, surtout, accessible au plus grand nombre : la mobilité aérienne urbaine.
Alors que la part de la population mondiale urbaine devrait continuellement augmenter au cours des années à venir – dans ses prévisions, l’ONU l’établit à 70% en 2050 –, cette densité croissante mettra immanquablement les villes face au défi de la décongestion.
Écologiques car électriques, efficaces car véloces, économiques car amortissables dans le temps, les solutions de mobilité aérienne urbaine se présentent à mes yeux comme une piste crédible et séduisante, à la fois pour fluidifier le trafic urbain et relier les banlieues aux villes en un temps record.
LE PARI DE LA SCIENCE ET DE L’INNOVATION
Tandis que certaines municipalités tablent sur la coercition pour façonner la mobilité de demain, j’apporte tout mon soutien à ce genre de solutions, qui démontrent par la preuve le gigantesque potentiel de la science et de l’innovation.
Nous nous approchons à mon sens d’une bascule. Volocopter, Ascendance Flight Technologies, Ehang Cityairbus et tant d’autres : partout dans le monde, les acteurs privés de la mobilité aérienne urbaine ont mis les bouchées doubles au cours des derniers mois pour accélérer le déploiement des taxis volants. L’entreprise allemande Volocopter a même procédé à sa première démonstration dans les airs de l’aéroport du Bourget, le 21 juin dernier, à l’occasion du Paris Air Forum.
D’autres jeunes pousses, que je veux ici saluer, entendent bien se faire une place sur le marché, comme la start-up C.A.P.S, fondée par trois étudiants ingénieurs issus de l’ENS Paris-Saclay, qui développe actuellement une capsule électrique, sans pilote, à des tarifs accessibles au plus grand nombre.
LES POUVOIRS PUBLICS POUR ACCOMPAGNER ET FACILITER
De toute évidence, certaines tests essentiels, concernant notamment la sécurité des voyageurs, restent à effectuer.
Mais je veux ici répéter combien je me réjouis de voir, en France, des acteurs – petits ou grands – déterminés à avancer rapidement, portés par la perspective des Jeux Olympiques de 2024 et soutenus par la Région Île-de-France.
Ensemble, nous apportons la preuve, n’en déplaise à certains, que l’innovation, lorsqu’elle est favorisée par des conditions de développement clémentes et la confiance des pouvoirs publics, peut déboucher sur un progrès partagé.
Finançons sans hésiter la recherche et développement.
Investissons dans le capital humain sans douter de sa rentabilité.
Inspirons-nous des modèles de développement qui, comme le pôle de Paris-Saclay, ont fait leurs preuves.
Rapprochons universités et débouchés pratiques.
Structurons de nouvelles filières industrielles.
Dotons le territoire des infrastructures permettant de faciliter le changement.
Dessinons le chemin de l’acceptabilité des technologies et faisons confiance aux entreprises, aux ingénieurs et aux inventeurs.
L’avenir de nos déplacements, comme celui de la planète, en dépend.